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«L’Eglise et ses prophètes» 2e partie

A propos de la publication du «livre du cinquantenaire»
 

P. Mantero: Poursuivons maintenant notre dialogue au sujet de L’Eglise et ses Prophètes…
Mais je commence par une question impertinente. Pensez-vous que ce livre soit important pour notre revue ainsi que pour notre maison d’édition?

M. Flichy: Osons le dire. Selon moi, cet essai se trouve au centre de votre projet missionnaire. Vous pouvez penser avec fierté que vous êtes pratiquement l’unique organe de presse qui offre au public tant de merveilles inconnues. Mais, vous n’êtes pas seulement un distributeur d’informations livrées en vrac au lecteur.
Alors, selon vous, que devons nous faire de plus?
Vous devez former les intelligences, mettre de l’ordre dans l’esprit. Un amas d’informations non critiquées, non sélectionnées, non classées suivant un certain ordre pourrait perturber vos amis. Pour nous, catholiques, chaque miette de vérité a besoin d’être référée à la réalité centrale: le Christ présent dans son Eglise.
Vous avez donc appliqué ces principes à votre œuvre? A cet effet, avez-vous suivi une méthode?
Oui! Ma méthode est déductive et inductive. Apprendre la théologie spirituelle dans les livres. Rencontrer les «prophètes» directement dans leur contexte. J’ajouterais un élément plus essentiel encore: me soumettre à un régime de prière intense, car on ne connaît les choses spirituelles que grâce à une certaine «connaturalité».
Finalement, ce livre est l’œuvre de toute une vie?
Oui! Je pense que nous devons écrire avec tout notre être et un peu avec notre sang.
Et quelles sont donc les principales convictions qui vous ont animé au cours de votre vie?
Après un demi-siècle d’ob­servations, de réflexions, d’erreurs et de découvertes sur la mystique je me suis fait quelques convictions. Elles ne sont pas forcément parfaites. Je les ai publiées, au nombre de vingt au paragraphe 9 du livre. On les retrouve aussi dans le no 511 de Stella Maris en mars 2014.
Avez-vous mis beaucoup de temps à élaborer ces principes?
Oui! Enfant je m’intéressais déjà à l’hagiographie. Je peux dire que je divinisais presque les saints tellement je les mettais sur un piédestal.
Et vous avez évolué sur ce point?
Oui, lentement et dou­loureusement. J’ai souvent été victime de mon idéalisation. Je continue à croire que le Saint-Esprit opère des merveilles transcendantes dans les âmes choisies et totalement abandonnées à son action. Mais les spirituels ont leurs limites humaines, psychologiques et culturelles. Ceci m’a été révélé à travers de multiples approches histo­riques. Certes, beaucoup d’études modernes sont hypercritiques et donc totale­ment réductrices. Je n’arrive pas à les suivre jusqu’au bout, car le point de vue de la foi doit toujours prévaloir. Mais j’ai longtemps gardé le préjugé qu’un authentique mystique était en quelque sorte infaillible, presque plus que le magistère. Ceci est une erreur.
Les études livresques vous ont aidé à sortir de certains préjugés?
Oui, les livres sont d’un grand secours. Je les vénère et les considère comme de vénérables compagnons du chemin spirituel.
Mais nous sommes aussi instruits par le temps. Les prêtres qui ont pu suivre l’évolution des individus, des familles et des communautés au cours de longues années tirent de cette observation une science concrète qui fait tomber tant d’idées toutes faites.
Dans ces pages vous faites parfois allusion à des personnes favorisées de grâces spéciales? Je crois que vous en avez connu en grand nombre…
Il ne faut pas exagérer. D’autres, comme le Père Laurentin, en ont rencontré des centaines. Tel n’est pas mon cas. Mon expérience est limitée mais assez rare parmi les prêtres d’aujourd’hui. Je dois ajouter que les relations que j’ai entretenues avec ces mystiques reconnus ou pressentis comme tels ont été plusieurs fois d’une grande intensité, sur du long terme; ce qui m’a permis de connaître le contexte et l’entourage avec une certaine précision. La manie de prendre beaucoup de notes pour soutenir une mémoire défaillante, m’a également aidé à entrer dans une connaissance objective et fondée.
Donc, vous pensez que vous êtes devenu maintenant un expert chevronné capable de prononcer des jugements sans faille?
C’est tout le contraire. La première chose que j’ai apprise est ma faillibilité personnelle. Nous sommes dans un domaine où l’on se trompe souvent et je me suis trompé lourdement plusieurs fois.
Vous êtes donc devenu sceptique?
Absolument pas. Saint François de Sales dit quelque part qu’il faut croire facilement, même au merveilleux.
Dès les premières pages, le livre affirme que beaucoup d’interventions célestes très combattues sont probablement authentiques. Et je pense que la Mission en reçoit un très grand préjudice.
Comment expliquer ce paradoxe?
Saint Paul a fait cette déclaration vigoureuse et en apparence scandaleuse: «L’homme psychique n’accueille pas ce qui est l’Esprit de Dieu: c’est folie pour lui et il ne peut le connaître, car c’est par l’Esprit qu’on juge. L’homme spirituel au contraire juge de tout et ne relève lui-même du jugement de personne.» (1 Co 2,14)
Je crois que les plus grandes erreurs que j’ai commises venaient de ce que j’étais «psychique» c’est-à-dire charnel, pécheur.
Je ne cesse d’admirer la foi des humbles, leur facilité à croire et leur juste discernement. Alors que des consacrés, détenant une parcelle d’autorité, passent souvent à côté du surnaturel et le condamnent a priori.
Donc la sainteté suffit?
C’est un peu l’opinion des milieux contemplatifs plus élevés, surtout en Orient. Les ascètes d’autrefois croyaient volontiers que la purification de l’âme conférait automatiquement le don de discernement.
On constate aussi, en Italie surtout, combien le peuple fait confiance aux gens réputés saints comme Padre Pio.
Mais en toutes choses, il faut «raison garder». L’Eglise catholique, dans son Magistère, a toujours encouragé l’étude. Thérèse d’Avila voulait des conseillers saints et savants. Parfois elle a même donné sa préférence à l’homme de science.
A partir du XVe siècle, l’Eglise officielle a donné son aval à la théorie de Jean de Gerson, un chancelier de l’Université de Paris qui était aussi un mystique. La piété doit être soumise à la théologie et les mystiques à celui des docteurs (§ 108).
Donc l’Eglise a raison de serrer les vis?
Je me suis efforcé laborieusement de montrer le contraire. Il faut lire tout l’ouvrage pour le comprendre.
Je pense que le moment est venu d’accorder une confiance beaucoup plus large au peuple saint de Dieu, celui qui touche aux événements avec ses pieds, ses mains et son cœur. De même il est temps que les curés des lieux où jaillissent les grâces particulières soient pris beaucoup plus au sérieux.
Vous pensez que les règles et usages en matière de vigilance ecclésiale ont besoin d’être changées?
J’ose dire que oui. D’ailleurs on constate dans la vie même de l’Eglise des transformations substantielles. Les «Normes procédurales pour le discernement des apparitions et révélations privées», un texte de 1978, rendu publique en 2011, le montre assez clairement. Mais, plus qu’aux textes, je crois au comportement muet d’une Eglise qui, sans le dire, se montre plus ouverte aux charismes.
Et vous pensez que la conjoncture historique justifie cette évolution?
Absolument. Certains com­portements de jadis autoritaristes et répressifs pouvaient avoir leur raison. Mais les temps ont changé; ils changent à grande allure.
Et pourtant l’ordre des choses éternelles et spirituelles devrait être immuable?
Je l’ai cru; je ne le crois plus du tout, et cela pour deux raisons.
La fréquence et la multiplication sans précédent des phénomènes extraordinaires sensibles, dans tous les continents, appellent des comportements inédits.
Partout, le Ciel répète que nous vivons des temps exceptionnels, préludes à des événements décisifs pour l’histoire du monde. Il y a donc urgence à ne pas bâillonner les prophètes.

Adresse:
Père Marc Flichy    
Maison de retraite Saint Rémy
66, Chemin de la Chapelle
78470 St-Rémy-lès-Chevreuse
Tél. 01 30 47 02 92     
et 07 86 03 59 72
marco@loretolorette.net