Le temps de la Grâce étant venu
Maria Valtorta – «L’Evangile tel qu’il m’a été révélé»
Jésus: Maintenant je vais vous parler, bien plus: nous allons vous parler, de mon passé. Je dirai même ce que les bergers ne savent pas et eux ce qu’ils ont vu. Et vous connaîtrez l’aube du Christ. Ecoutez:
Le temps de la Grâce étant venu, Dieu prépara pour lui sa Vierge. Vous pouvez bien comprendre comment Dieu ne pouvait résider là où Satan avait posé son signe ineffaçable. La Puissance travailla donc pour faire son futur tabernacle immaculé. Et par deux justes, d’âge avancé et contre les règles habituelles de la procréation, fut conçue Celle sur laquelle il n’y a aucune tache.
Qui a déposé cette âme dans la chair embryonnaire qui reverdissait le vieux sein d’Anne d’Aaron, ma grand-mère? Toi, Lévi, tu as vu l’Archange de toutes les annonciations. Tu peux dire: c’est celui-là. Car la «Force de Dieu» fut toujours le victorieux qui apporta la nouvelle de la joie aux saints et aux prophètes, l’indomptable sur lequel la plus grande force de Satan s’est brisée comme une tige de mousse desséchée, l’intelligent qui avec sa bonne et lucide intelligence a détourné les pièges de l’autre, intelligent mais malfaisant, en procurant avec promptitude l’exécution des ordres de Dieu.
Avec un cri de joie, lui l’Annonciateur qui déjà connaissait les chemins de la terre, parce qu’il était descendu pour parler aux Prophètes, recueillit du Feu Divin l’étincelle immaculée qui était l’âme de l’Enfant Eternelle et, l’enfermant dans un cercle de flammes angéliques, celles de son amour spirituel, il la porta sur la terre dans une maison, dans un sein. Et à partir de ce moment, le monde posséda l’Adoratrice; et Dieu, à partir de ce moment, pu regarder un point de la terre sans en éprouver de dégoût. Et une petite créature naquit, l’Aimée de Dieu et de ses anges, la Consacrée à Dieu, saintement aimée par ses parents. «Et Abel donna à Dieu les prémices de son troupeau». Oh! Qu’en vérité les grands-parents de l’éternel Abel surent donner à Dieu les prémices de leur bien, tout leur bien, en mourant pour avoir donné ce bien à Celui qui le leur avait donné!
Ma Mère fut l’Enfant du Temple depuis l’âge de trois ans à quinze ans et hâta la venue du Christ par la force de son amour. Vierge avant sa conception, vierge dans l’obscurité d’un sein, vierge dans ses vagissements, vierge dans ses premiers pas, la Vierge appartint à Dieu, à Dieu seul. Elle proclama son droit supérieur au décret de la Loi d’Israël, en obtenant de l’époux qui lui fut donné par Dieu de rester inviolée après les noces.
Joseph de Nazareth était un juste. A lui seulement pouvait être confié le Lys de Dieu et seul il le posséda. Ange, en son âme comme en sa chair, il aima comme aiment les anges de Dieu. L’abîme de cet amour fort qui eut toutes les tendresses conjugales sans dépasser la barrière du céleste feu au-delà de laquelle était l’Arche du Seigneur, sera compris par peu de personnes sur la terre.
C’est le témoignage de ce que peut être un juste, pourvu qu’il le veuille, de ce qu’il peut, car même l’âme encore blessée par la tache originelle possède des forces puissantes d’élévation, de souvenir et de retour à sa dignité de fille de Dieu; elle opère divinement pour l’amour du Père.
Marie était encore dans sa maison dans l’attente de la cohabitation avec son époux, lorsque Gabriel, l’ange des divines annonciations, revint sur la terre et demanda à la Vierge d’être Mère. Déjà il avait promis le Précurseur au prêtre Zacharie qui ne l’avait pas cru. Mais la Vierge crut que cela pouvait se faire par la volonté de Dieu et, sublime dans son ignorance, demanda seulement: “Comment cela peut-il arriver?”
Et l’Ange lui répondit: “Tu es la Pleine de Grâce, ô Marie. Ne crains donc pas, car tu as trouvé grâce près du Seigneur même pour ce qui est de ta virginité. Tu concevras et enfanteras un Fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est Lui le Sauveur promis à Jacob et à tous les Patriarches et Prophètes d’Israël. Il sera grand et Vrai Fils du Très-Haut, car c’est par l’activité de l’Esprit Saint qu’il sera conçu. Le Père Lui donnera le trône de David, comme il est prédit et il régnera sur la maison de Jacob jusqu’à la fin des siècles, mais son vrai Règne n’aura jamais de fin. Maintenant, le Père, le Fils, l’Esprit Saint attendent ton obéissance pour accomplir la promesse. Déjà le Précurseur du Christ est dans le sein d’Elisabeth, ta cousine et, si tu consens, l’Esprit Saint va descendre sur toi et saint sera celui qui naîtra de toi et portera son vrai Nom de Fils de Dieu.”
Et alors Marie répondit: “Voici la Servante du Seigneur. Qu’il soit fait de moi selon sa parole.” Et l’Esprit de Dieu descendit sur son Epouse et dans son premier embrassement lui donna ses lumières qui achevèrent de perfectionner les vertus de silence, d’humilité, de prudence et de charité dont elle était pleine, car elle fut une seule chose avec la Sagesse, désormais inséparable de la Charité et l’Obéissante. La Chaste se perdit dans l’océan d’Obéissance que je suis et elle connut la joie d’être Mère sans connaître le trouble d’être effleurée. Elle fut la neige qui devint toute fleur et s’offrit ainsi à Dieu…»
«Mais le mari?» demanda Pierre étonné.
«Le sceau de Dieu ferma les lèvres de Marie et Joseph ne connut le prodige qu’au moment où, de retour de la maison de Zacharie, son parent, Marie apparut mère aux yeux de son époux.» «Et lui, que fit-il?» «Il souffrit… et Marie souffrit…» «Si c’eût été moi…»
«Joseph était un saint, Simon de Jonas. Dieu sait où il met ses dons… Il souffrit profondément et décida de l’abandonner, prenant sur lui la réputation d’injustice. Mais l’Ange descendit lui dire: “Ne crains pas de prendre Marie pour ton épouse. Car ce qui s’est formé en elle, c’est le Fils de Dieu et c’est par le travail de Dieu qu’elle est Mère. Et quand le Fils sera né, tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui le Sauveur”». «Joseph était-il instruit?» demande Barthélemy. «Comme un descendant de David.» Alors il aura eu tout de suite la lumière en se souvenant du Prophète: “Voici qu’une Vierge concevra…”» «Oui, il l’eut. A l’épreuve succéda la joie…»
«Si c’eût été moi… reprend Simon Pierre, il n’arrivait rien de bon, car auparavant j’aurais… Oh! Seigneur, comme ç’a été bien que ce ne fut pas moi! Je l’aurais brisée comme une tige sans lui donner le temps de parler. Et après, si je n’avais pas été assassin, j’aurais eu peur d’elle… La peur d’Israël tout entier depuis des siècles, à l’égard du Tabernacle…»
«Même Moïse eut peur de Dieu et pourtant il fut secouru, resta avec lui sur la montagne… Joseph alla donc habiter dans la maison sainte de l’Epouse et pourvut aux besoins de la Vierge et de celui qui devait naître. Et lorsque ce fut pour tous le temps de l’édit, il se rendit avec Marie, dans la terre des pères, et Bethléem les repoussa, parce que le cœur des hommes est fermé à la charité.»
«L’Evangile tel qu’il m’a été révélé», T. 2, pp. 422-425
Légende: L’Annonciation, Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553)