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A Kibeho la Mère du Verbe a versé des larmes: qu’a-t-elle voulu nous dire?

Rwanda

Pour ce temps liturgique de Carême, voici quelques extraits du récent livre du Père Edouard Sinayobye, Les apparitions de la Mère du Verbe à Kibeho, qui aideront à entrer davantage dans le Mystère de la Croix.
L’immense douleur de la Sainte Vierge Marie s’est manifestée de façon prégnante par ses larmes du 15 août 1982. La voyante Marie Claire l’a vue dans un état de grande tristesse. Nathalie elle, note qu’elle a vu ses yeux pleins de larmes: «J’ai continué à lui demander pardon; mais plus je le faisais, plus elle devenait encore affligée, de sorte que je voyais ses yeux pleins de larmes.» Plus bouleversant encore fut le témoignage d’Alphonsine. Elle note dans son diaire:
«La Vierge Marie s’est présentée autrement que d’habitude. Elle est venue avec beaucoup de tristesse; et quand je me suis mise à chanter pour elle, je n’ai pas pu poursuivre le chant, car elle m’a aussitôt interdit de le faire. Ce qui m’a fait encore plus de peine, c’est de la voir pleurer… Des larmes ne cessaient de couler abondamment de ses yeux; je les voyais nettement descendre sur son visage, et elle avait un regard chargé de tristesse. La Vierge a confié à la voyante le motif de ses larmes: “Si je pleure, c’est que, vous les hommes, vous êtes dans un état si critique que je ne peux plus retenir mes larmes par pitié pour vous, vous êtes si mauvais à me faire pleurer. Ma fille, moi j’ai ouvert la porte, mais les hommes n’ont pas voulu entrer.”
Dans cette perspective de la compassion du ciel pour les malheurs des hommes, les larmes de la Bienheureuse Vierge sont chargées d’un enseignement théologique que nous essayons de déceler. Ces larmes constituent un moyen excellent pour toucher les cœurs endurcis: on sait que dans l’ordre de la nature, les larmes d’une mère parlent plus que les paroles. Elles coulent quand les autres moyens ont été épuisés et surgissent comme une dernière parole. Il en est ainsi dans l’ordre de la grâce. Les larmes de la Sainte Vierge sont ainsi un signe et un moyen efficace de communication. Elles sont un langage particulièrement puissant. Quand une mère voit que ses enseignements sont refusés, que ses fils sont embarqués sur une voie de perdition, parce qu’ils ne croient plus en elle, elle transforme son langage en larmes qui sont la plus vibrante expression de son amour, la dénonciation de l’impuissance en laquelle ils l’ont réduite, la résistance de ses enfants, le reflet presque expérimentable et le souvenir du Mal où ils se sont orientés.
Les larmes de la Mère de Dieu sont aussi un signe de proximité et de tendresse de Dieu. Comme signe, elles manifestent que Dieu et sa sainte Mère ne sont pas indifférents au malheur du monde, mais qu’ils sont proches des hommes. Ses larmes révèlent que le cœur de Dieu, qui s’attendrit à la vue du malheur de ses enfants (Lc 15,20), s’ouvre à l’homme et déborde de tristesse (Jn 11,33-35). Montrant ses larmes, la Mère du Sauveur, dans un langage humain, veut nous faire entrer dans le cœur pur et vulnérable de Dieu amour. Ses larmes constituent un «cri prophétique», manifestant que le péché est une chose horrible que le cœur de Dieu ne peut pas supporter. Elles révèlent un mal qui menace ce monde se trouvant dans un état critique. Ces larmes sont donc causées par nos péchés et constituent un appel urgent à la conversion. C’est surtout notre refus du don de Dieu qui pousse la Mère de Dieu à nous interpeller par ses larmes. A ce propos, De Fiores éclaire:
«Les larmes de Marie, “icône vivante de l’évangile de la souffrance”, ont une signification pastorale, christologique, anthropologique et trinitaire: elles sont apparues comme la dernière parole du discours de conversion, un appel au danger qui menace dérivant de l’endurcissement des cœurs devant la visite du Messie, elles introduisent à la compréhension de la mystérieuse vulnérabilité et souffrance de Dieu miséricordieux et plein d’amour face aux maux du monde, montrent donc le pathos de Dieu, enfin elles montrent une extrême tentative que Dieu accomplit par sa Mère pour provoquer le monde à la conversion et préparer l’Eglise à affronter en sainteté de vie les temps derniers.»
Bruno Forte, théologien et évêque, comprend ces larmes de la Mère de Dieu comme un appel de son cœur blessé: «Marie n’appelle pas à la conversion en présentant la dureté de juge, mais la miséricorde blessée, le cœur passionné et comblé de tendresse de notre Dieu.» La Mère de Dieu montre ses larmes à ses enfants pour leur exprimer aussi la confiance. Ses larmes n’expriment pas que la tristesse, moins encore le désespoir.
Quand j’ai demandé à la voyante Alphonsine le sens des larmes de la Mère du Verbe, elle m’a confié qu’elles cachaient un mystère. Bien qu’elles expriment son immense affliction, elles révèlent d’autres sentiments, tels l’espérance, la confiance, l’attente d’amour et de conversion, etc. Comprises dans le sens de la confiance, ses larmes invitent à la consolation. Si Marie notre Mère veut toucher nos cœurs endurcis au moyen de ses larmes, c’est qu’elle nous fait confiance, car on ne pleure qu’en face de ceux qu’on aime, car les larmes sont toujours en attente de consolation.

La Croix, mystère, non de la mort mais de la vie
Nous avons à peine examiné comment, à Kibeho, la Mère du Verbe a exprimé et confié jusqu’aux larmes aux voyantes sa douleur pour le sort des hommes, sourds à ses appels. Mais elle a parlé aussi d’un autre thème important qui est au centre du mystère chrétien, c’est-à-dire de la souffrance. Elle a rappelé avant tout la Croix sur laquelle Jésus est monté mais aussi de la croix que chaque disciple du Christ est appelé à porter. Ecoutons comment la Mère du Verbe rappelle que la souffrance fait partie de la condition humaine: «Personne qui ne souffre en ce monde. S’il s’agit du pauvre, il souffre à cause de sa pauvreté; s’il s’agit du riche, il se fait du souci à cause de sa richesse. Combien nous, hommes, nous nous faisons des illusions! […]. Personne n’est heureux d’une manière parfaite. Même si tu peux paraître extérieurement joyeux, à l’intérieur de toi-même tu souffres; et même si tu peux être content intérieurement, la joie que tu éprouves est de quelques moments seulement, et puis elle passe. Ce monde ne peut jamais devenir un paradis.»
Le réalisme de ce message est percutant. La souffrance fait partie de la vie humaine. Elle est un mystère à vivre et non pas à comprendre rationnellement.
L’enseignement de l’Eglise, nous le savons bien, ne fournit pas non plus une explication rationnelle qui soit vraiment satisfaisante, mais met en relief un événement qui aide à comprendre ou mieux encore montre une personne concrète. Il s’agit du Verbe incarné, Jésus qui, en tant que Dieu, aurait bien pu éviter sa Passion et sa mort mais en revanche, par amour, s’est fait homme pour se charger de la douleur, du Mal du monde jusqu’à la mort de la Croix. La mort cependant ne l’a pas retenu, trois jours après, il l’a vaincu et ressuscité, montrant ainsi que même le Mal qui nous semble inexorable comme la mort, n’a pas le dernier mot.
Tout cela nous aide à espérer fermement que, même notre souffrance, celle que nous rencontrons dans la vie de tous les jours, a un sens qui va au-delà des apparences. C’est la foi en Christ ressuscité qui nous aide à transformer la tragédie du Mal en un mystère de vie. A Kibeho, comme nous le voyons encore, la Mère du Verbe est venue nous rappeler tout cela et nous aider à comprendre bien comment vivre ce mystère de la souffrance en union avec le Christ.

Aucune spiritualité doloriste
Du moment que la souffrance fait partie de la vie de l’homme sur la terre, la Sainte Vierge veut surtout nous aider à l’accepter et l’unir à la souffrance du Christ, et ainsi tirer profit des fruits spirituels qui y sont liés. Elle a répété cela à plusieurs reprises. Par exemple quand elle a parlé de ce qu’elle-même a souffert durant sa vie terrestre: «Mon enfant ne se sépare pas de la Croix, car Moi-même je suis passée dans la voie de la souffrance. J’ai beaucoup souffert, et qui veut être comme moi, doit accepter tout ce qui m’est arrivé.» La vie chrétienne comprend des sacrifices et la Vierge dit qu’«à tout chrétien, un sacrifice est demandé». Plus encore, «le vrai chemin est celui de la souffrance n’importe laquelle qu’il faut unir à la souffrance du Christ». Un tel langage doit être bien intégré dans le mystère chrétien pour ne pas porter à l’équivoque. Il faut souligner que dans son message à Kibeho, la Mère du Verbe n’a pas enseigné une spiritualité doloriste ni promis un «paradis terrestre», même si elle utilise des paroles dures pour notre mentalité moderne qui tend à refuser le sacrifice, qui le regarde avec horreur, qui cherche à l’éviter à tout prix parce qu’elle n’en comprend pas la valeur.
La Mère du Verbe en revanche, ne rougit pas de parler de la Croix à ses enfants. Elle a accomplit aussi des gestes qui nous aident à entrer dans la dimension d’une souffrance non seulement acceptée, mais aussi vécue en union amoureuse avec Jésus. C’est dans cet ordre qu’elle a montré plus d’une fois, les scènes de la Passion du Christ aux voyantes, afin qu’elles s’en imprègnent avec foi. C’est à cette fin qu’elle a également enseigné le Chapelet des Sept Douleurs à la voyante Marie Claire. Ce Chapelet dont la voyante a reçu la mission de le diffuser dans le monde entier n’est rien d’autre qu’une méditation de la souffrance que la Sainte Vierge a dû affronter. Ainsi c’est en vue de nous inviter à imiter son exemple dans cette contemplation du Crucifié, qu’elle a donné à la voyante Nathalie la mission spécifique d’expier, avec ses prières et ses souffrances, unies à celles de Jésus, ses propres péchés et ceux des frères et sœurs…
L’enseignement de la Bienheureuse Vierge Marie sur la souffrance expiatoire pourrait peut-être heurter certaines consciences. La Mère du Verbe n’a point voulu enseigner ce qu’on appelle dans le langage courant une «spiritualité doloriste», c’est-à-dire une spiritualité qui recherche la souffrance pour la souffrance quasi un goût pervers pour la douleur. C’est tout le contraire dans le message de Kibeho. A l’imitation de Jésus, elle a simplement exhorté à combattre la souffrance par la force de l’amour, mais sans cacher que la croix est au centre de la vie humaine et du mystère chrétien. Et cela parce que, comme nous l’avons vu, derrière toute souffrance, se cache la résurrection.
C’est une dialectique qui nous est familière dans l’économie du salut. La souffrance implique de multiples bénéfices spirituels pour l’âme. Les voyantes disaient avoir entendu de la Vierge que la souffrance ouvre l’âme à Dieu et permet une croissance dans la foi. La souffrance aurait la propriété de «secouer les consciences, réveiller et soutenir l’abandon à Dieu, stimuler la confiance absolue en lui et inciter à une prière fervente. C’est dans la souffrance que l’on pense davantage à Dieu et à la prière.» La souffrance est même vue comme une purification de la prière. Si la souffrance bien vécue favorise la prière, elle est une voie qui conduit à Dieu: «Il n’y a pas d’autre chemin que le chemin de la Croix pour nous conduire où vous êtes», car «personne n’entre au ciel sans souffrir». Il n’y a pas de résurrection sans la mort, comme il n’y a pas de Pâques sans Vendredi saint. La souffrance aurait une valeur thérapeutique: «Les souffrances engendrent beaucoup de joie et la joie engendre beaucoup de souffrances.» La voyante Nathalie, consciente de sa mission de souffrir pour expier les péchés du monde, déclarait son abandon à la Vierge Marie, promettant de lui plaire au milieu des tourments: «De toute souffrance, je ferai ta joie.» Si la souffrance conduit à Dieu et engendre les vertus, c’est dire qu’elle peut conduire au salut. Ecoutons encore la voyante Nathalie: «Vous m’expliquez souvent que c’est dans la souffrance que mon âme gagne le salut, et que même les âmes du monde entier, que vous avez voulu confier à ma prière, obtiennent elles aussi le salut… Vous m’avez fait prendre cet engagement que je dois accueillir les épreuves venant de vous aussi bien que les joies venant de vous.»
Tel est le sens salvifique, donc expiatoire que la Mère du Verbe donne à la souffrance.
«Les apparitions de la Mère du Verbe à Kibeho», p. 139-145.»

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